L’étudiant qui veut s’initier aux études lucaniennes fera bien de lire d’abord les classiques. Sans remonter à F. Overbeck et à A. Loisy, il découvrira H. J. Cadbury et M. Dibelius, H. Conzelmann et E. Haenchen. S’il tient par la suite à s’informer des derniers travaux, il aura à sa disposition une série de bulletins: ceux, par exemple, de Ch. H. Talbert, A. del Agua Pérez, M. Cambe, J. Guillet, M. Rese, E. Rasco et E. Grässer. Plus durables que ces précieux relais du savoir, deux ouvrages embrassent l’histoire des recherches sur une plus longue période, de manière certes différente l’un de l’autre. W. Gasque fait l’historique des recherches sur les Actes depuis le début du XIXe siècle. Fidèle à une tradition britannique, l’exégète américain estime Luc un historien digne d’une confiance que les Allemands lui refusent en soulignant par trop son talent littéraire et sa force théologique. E. Rasco a l’âme théologique et une sensibilité d’artiste: son historique de l’origine, des développements et des orientations actuelles de la théologie lucanienne est remarquable. Il parvient à dégager une évolution cohérente de ce qui paraît souvent un amalgame boursouflé de listes bibliographiques. Il découvre même un précurseur des adeptes de la Redaktionsgeschichtliche Schule: W. Hillmann. La deuxième partie du livre est plus personnelle; on notera en particulier trois chapitres a) sur Jésus, b) sur Jésus, le Saint-Esprit et l’Eglise et c) sur l’histoire, l’histoire du salut et l’eschatologie dont j’ai rendu compte ailleurs. Pour Rasco, le temps de l’Eglise n’est pas distinct qualitativement du temps de Jésus. Il lui est au contraire intimement lié (contre H. Conzelmann). L’eschatologie n’est pas non plus éliminée ou historicisée. Enfin, le schéma lucanien de l’histoire du salut n’est pas propre à Luc (avec O. Cullmann). En fin de parcours, l’auteur se réjouit que Luc nous ait transmis, certes à travers ses lunettes, et Jésus et Paul. Noter aussi la très précieuse bibliographie (p. XV-XL).