La deuxième partie de la Critique de la raison pure — la « Théorie transcendantale de la méthode » —, qui répond au souci théorique fondamental de Kant en déterminant « les conditions formelles d’un système complet de la raison pure » (Kant, Kritik der reinen Vernunft, F. Meiner Verlag, p. 653), s’achève par une « histoire de la raison pure ». Dans cette rapide esquisse, Kant réinsère son entreprise critique dans l’histoire de la raison philosophiquement consciente d’elle-même, comme la solution de problèmes jusqu’alors affrontés par celle-ci dans le déchirement. — Cette conscience de soi historique de la philosophie kantienne n’est-elle pas, d’ailleurs, ce qui marque l’originalité de la réflexion de Kant dès l’ouverture même de son grand ouvrage, puisque la première Préface de la Critique de la raison pure présente l’émergence inaugurale, dans l’histoire de la philosophie, d’un thème que le post-kantisme rendra célèbre, celui du lien intime de la philosophie et de son époque au sein de l’histoire universelle. — Nous nous proposons de déterminer, c’est-à-dire aussi de limiter, la signification proprement kantienne d’une telle insertion de la raison consciente philosophiquement d’elle-même, dans l’histoire de la philosophie et dans l’histoire en général.