Le quatrième tome du volume 155 de la Revue de Théologie et de Philosophie est sorti !
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Sommaire
DOSSIER : 60 ans du Séminaire de culture théologique
Dimitri ANDRONICOS, Simon BUTTICAZ, Jean-Christophe EMERY « Introduction au volume », p. 339
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Sarah SCHOLL, « Démocratiser la théologie. Les prémices d’un Mai 68 protestant en Suisse romande ? », p. 343
Cet article, qui se veut exploratoire et programmatique, cherche à mesurer l’implication du protestantisme dans la révolution culturelle des années 1960. La naissance du Séminaire de culture théologique de Lausanne, en 1962, fournit un cas d’école. L’étude du contexte et surtout des sources (revues, cahiers, journaux) qui sont alors produites dans les milieux protestants de Suisse romande montre une effervescence théologique particulière. Celle-ci travaille, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à repenser l’implication du christianisme dans la société. Un projet qui se concrétise dans le souci de démocratiser la théologie et de décléricaliser le protestantisme en créant différents lieux de formation d’adultes. Les Églises protestantes ont ainsi désamorcé elles-mêmes leur propre système d’autorité, ouvrant la porte à la génération Mai 68.
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Jean-Pierre BASTIAN,« L’ancrage idéologique du Séminaire vaudois de culture théologique », p. 355
Afin de préciser l’héritage théologique dans lequel le Séminaire de culture théologique s’est inscrit par ses fondateurs, il convient d’explorer la manière dont les libristes ont développé leur enseignement théologique au fil du temps au sein de leur Faculté fondée à Lausanne en 1847. Il nourrit la formation octroyée aux laïcs mettant en œuvre une pédagogie de la conviction ancrée dans la théologie du Réveil propagée durant plus d’un siècle (1847-1966) par l’Église évangélique libre du canton de Vaud et par sa Faculté. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il s’agissait plus largement de repenser l’implication du christianisme dans la société. Le Séminaire contribua ainsi à renforcer la place des laïcs et à démocratiser l’accès à la théologie.
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Simon BUTTICAZ,« La formation théologique comme édification. Autour de l’oikodomein chez Paul », p. 367.
L’article revient sur une étude liminaire de Pierre Bonnard, grand inspirateur du Séminaire de culture théologique. Consacré au concept néotestamentaire d’« édification », ce court texte publié en début de carrière reflète non seulement l’approche exégétique de celui qui fut professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie libre de Lausanne, puis à l’Université de la même ville, mais aussi sa représentation de la formation théologique en tradition chrétienne.
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VARIA
Aurélien CHUKURIAN, « La philosophie en creux de la théologie. Le Nouvel Être de Paul Tillich », p. 387.
Cet article ambitionne d’explorer les enjeux philosophiques traversant la pensée théologique de Paul Tillich, en se concentrant sur un recueil de sermons, adressés à un public universitaire, intitulé Le Nouvel Être, ouvrage paru en 1955, objet d’une nouvelle traduction, proposée par le théologien André Gounelle aux éditions Labor et Fides (2022). L’article repère alors, au sein de la méditation tillichienne sur la Nouvelle Réalité apportée par le Christ, quatre lieux de résonances philosophiques. D’un côté, le traitement tillichien des thématiques de la vérité et de la sagesse témoigne d’un rapport explicite à la philosophie, tandis que, de l’autre, l’articulation conçue par Tillich entre amour et justice et sa conception de la certitude contiennent des implications philosophiques sous-jacentes. Dès lors, ces quatre points d’ancrage contribuent à dessiner les contours d’un dialogue entre philosophie et théologie, en étant attentif aussi bien au regard propre porté par Tillich sur la philosophie, consistant dans une reconnaissance critique, qu’à la manière dont sa réflexion théologique sur le message évangélique du Nouvel Être, qui a surgi avec le Christ, déploie une conceptualité qui intéresse l’histoire de la philosophie.
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Jean-Denis KRAEGE, « Bruno Latour et la théologie », p. 411.
La théologie a de tous temps eu des problèmes avec l’anthropologie au sens de la définition de ce qu’il faut entendre par « être humain ». Bruno Latour a tenté de développer une « anthropologie des modernes ». Il se pourrait donc que Latour apporte quelques lumières à la théologie, d’autant qu’il s’affichait chrétien et n’a pas rechigné à intégrer à son anthropologie le « mode d’existence religieux ». L’anthropologie de Latour juxtapose 15 modes d’existence qui se croisent selon des modalités qui excluent la possibilité pour l’un d’eux de devenir dominant sous peine de sombrer dans ce qu’il appelle le « fondamentalisme ». Cette exigence pose problème au théologien. Celui-ci affirme, en effet, que notre relation à Dieu représente un fondement pour toute authentique compréhension de soi. L’anthropologie empiriste de Latour est-elle donc compatible avec la théologie et donc informative pour elle ? Et à quelles conditions ?
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Bibliographie, pp. 433-443.