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Sommaire
DOSSIER : La maison romaine comme lieu social et imaginaire des églises pauliniennes (de 50 à 120 apr. J.-C.)
K. Luc BULUNDWE, Simon BUTTICAZ, Andreas DETTWILER « Introduction au volume », p. 7
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Lorenz E. BAUMER, «Bien plus qu’une habitation. La maison urbaine à l’époque impériale », p. 17.
L’Empire romain atteint à la fin de la République une étendue géographique qui englobe des aires culturelles très diverses, ce qui a une influences ur la typologie et les fonctions des maisons dans les différentes régions de la Méditerranée. Dans l’impossibilité de pouvoir donner une vue d’ensemble et laissant de côté pour cette même raison les provinces occidentales de l’Afrique du Nord et du Levant, nous allons évoquer, après un regard sur la description de la maison urbaine chez Vitruve, quelques exemples de Pompéi pour nous concentrer par la suite sur quelques maisons dans les provinces orientales, en particulier en Grèce et en Asie Mineure, pour mesurer l’influence ou non des Romains dans l’architecture privée. Il s’avère que cette dernière est bien restreinte, et que l’intégration de l’atrium est plutôt une référence qu’un élément structurel des maisons dont le péristyle reste l’élément central. L’étude est complétée par un excursus sur plusieurs maisons de l’Antiquité tardive à Athènes.
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Andreas DETTWILER, « La maison comme lieu de réunion des premiers chrétiens. Nouvelles approches et leur réception critique », p. 41.
Un consensus avait établi depuis longtemps que les premiers chrétiens se seraient essentiellement réunis dans des maisons privées. Cela a été récemment mis en cause notamment par l’étude d’Edward Adams de 2016 (première édition 2013). Notre contribution vise à soumettre cette nouvelle hypothèse à une analyse critique, mettant notamment en évidence les multiples avantages qu’offraient les espaces d’habitations privés pour les premières communautés chrétiennes. On ne saurait pourtant en déduire que la pratique cultuelle aurait simplement transformé l’espace profane de la maison romaine en espace sacré. Il faut plutôt considérer que ces communautés se voyaient elles-mêmes comme un « espace sacré », transcendant ainsi tous les espaces socio-culturels préexistants.
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Simon BUTTICAZ, « Ekklèsia et oikia dans la gestion paulinienne de l’espace. À l’exemple de 1 Corinthiens », p. 59.
Contrairement à l’opinio communis selon laquelle le modèle de l’« Église de maison » se serait formé et développé aux origines du christianisme, dans le sillage de la mission paulinienne entre autres, la présente étude s’intéresse à l’indétermination topographique dont l’apôtre Paul entoure son ecclésiologie et questionne ses incidences sur les hiérarchies et statuts socioculturels dans lesquels la maisonnée antique rivaient ses membres au quotidien.
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K. Luc BULUNDWE, « Remaniement de la ‘carte mentale’ paulinienne dans les lettres à Timothée et Tite », p. 73.
La présente contribution propose un panorama des représentations géographiques des lettres à Timothée et Tite, aussi appelées les Pastorales. À l’aide du concept de « carte mentale », elle montre comment les trois lettres remanient la perception spatiale du champ d’action paulinien d’est vers l’ouest, au tournant du Ier et du IIe siècle. Le déplacement spatial identifié correspond à la majorité des études historiques qui situent les trois lettres parmi les premières réceptions de Paul. Il met également en évidence les soubassements géographiques de la reconfiguration de la notion d’oikos dans ces premières réceptions, souvent occultés dans les études sur l’univers domestique des Pastorales. Cet article pave ainsi la voie à l’étude de la maison romaine dans les trois lettres proposée dans ce numéro par Michael Theobald.
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Michael THEOBALD, «‘Comme il convient de se conduire dans la maison de Dieu’ (1 Tm 3,15) Les lettres pastorales à la lumière de l’ethos domestique antique », p. 93.
L’hypothèse largement admise selon laquelle l’ecclésiologie des épîtres pastorales est marquée par l’expérience de l’oikos antique (« ecclésiologie de l’oikos ») est remise en question depuis peu, surtout pour deux raisons : premièrement, la terminologie de l’oikos ne serait déployée qu’en 1 Tm, la thèse selon laquelle les trois épîtres formeraient un corpus épistolaire pseudépigraphique ne résisterait pas à la spécificité de chacune des trois épîtres. Deuxièmement, ce n’est plus l’oikos, mais la polis qui servirait de contexte social aux trois lettres qui se distinguent les unes des autres. Dans ce débat diffus, le présent article souhaite offrir une position plus nuancée. (1) Une analyse linguistique précise du champ lexical de l’oikos confirme son utilisation uniforme et métaphorique dans les trois lettres ; (2) entre-temps, l’Église locale est perçue publiquement comme une entité propre, distincte des synagogues, au sein de la polis ; (3) la référence à la polis de l’ekklèsia n’exclut pas que l’oikos agisse sur la vie de l’ekklèsia, tout comme celle-ci, à l’inverse, stabilise la vie dans l’oikos. Cette contribution propose trois exemples : le rôle des femmes, les représentations de la fonction de responsable d’église et le rapport à l’argent et à la richesse.