Le quatrième tome du volume 154 de la Revue de Théologie et de Philosophie est sorti !
Vous pouvez l’acquérir à la librairie Droz ou souscrire à un abonnement !
Sommaire
DOSSIER : Animaux et religions dans l’Antiquité
Hélène GROSJEAN, Christophe NIHAN, « Introduction », p. 359
*
Giuseppina LENZO, « Divinités animales et entités hybrides en Egypte ancienne », p. 371
Cet article présente une synthèse du rôle des animaux dans la religion égyptienne en se focalisant tout particulièrement sur le cas des entités hybrides. Alors que l’association avec un ou plusieurs animaux est l’une des caractéristiques des divinités égyptiennes, l’interprétation soulève plusieurs difficultés méthodologiques. Dans la plupart des cas, ces associations sont relativement simples, et mettent en rapport, selon des modalités diverses, un animal avec une divinité ; de telles relations sont alors relativement faciles à identifier et peuvent faire l’objet d’une typologie, en tout cas rudimentaire. Un cas de figure plus complexe est par contre posé par les représentations qui mobilisent non seulement un animal, mais aussi plusieurs motifs iconographiques à la fois. Le présent article commence par identifier les principales formes d’association d’animaux à des divinités, pour ensuite s’interroger plus longuement sur le cas des associations plus complexes, qui sont ici étudiées à partir de deux exemples paradigmatiques : les divinités protectrices et les habitants de la Douat ou monde souterrain.
*
Julia RHYDER, « Le porc dans les interactions d’antiochus IV avec les Juifs : un réexamen des sources », p. 389
Cet article examine le rôle du porc dans les sources anciennes qui relatent le violent affrontement entre Antiochos IV Épiphane et les Juifs au deuxième siècle avant notre ère. En comparant des passages pertinents de 1 et 2 Maccabées, de Josèphe, de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile et de 4 Maccabées, je soutiens qu’il existe une bien plus grande diversité dans la représentation du porc que ce qui a été reconnu jusqu’à présent ; alors que les sources juives plus anciennes insistent sur la question des pratiques sacrificielles et sur la souillure du Temple qui en dérive, les sources d’époque romaine considèrent le porc à travers le prisme du régime alimentaire juif. Cette diversité illustre donc de manière importante les multiples façons dont les animaux impurs pouvaient être liés aux questions d’identité juive dans les anciennes traditions, ainsi que les rôles complexes qu’ils pouvaient jouer dans la narration des épisodes violents du passé.
*
Nicolas MEYLAN, « Un sacrilège lupin : Hákon Sigurðarson et le loup Fenrir », p. 411
Le présent article revient sur l’expression en vieil islandais vargr í véum (« loup dans les sanctuaires »). En comparant différents récits de tels loups, notamment le mythe de l’enchaînement de Fenrir, l’article montre que plutôt qu’une vieille catégorie préchrétienne dénotant le sacrilège, l’expression doit être comprise comme un moyen discursif servant à marginaliser son objet. Elle devait ainsi s’avérer utile pour des auteurs médiévaux et donc chrétiens au moment où ceux-ci pensaient des problèmes tels que les hiérarchies sociales ou encore la centralisation de l’état.
*
Christophe NIHAN, « Les souris d’Ashdod, le dieu Dagôn et l’Apollon Smintheus », p. 425
Cette étude a pour objet la mention – très inhabituelle – d’images de « souris » parmi le tribut des Philistins accompagnant le retour de l’arche dans le récit de 1 Samuel 5-6. Sur la base d’une comparaison entre les principaux témoins anciens du texte de Samuel, on argumente ici que cette mention reflète une série d’interprétations successives, à l’intérieur desquelles on peut distinguer (au moins) trois étapes. À l’origine, la mention de souris semble relever d’une glose scribale, ayant pour fonction de donner forme aux images de « tumeurs » apportées par les Philistins en tribut selon 1 Samuel 6. Plus tard, les images de souris ont été comprises comme formant un tribut distinct, ce qui a donné ensuite naissance à la tradition d’un fléau de souris dans le territoire philistin, tel qu’on le trouve raconté dans les principaux témoins grecs de 1 Samuel 5. Au terme de ce processus, les souris sont devenues un agent du dieu d’Israël, ce qui rapproche ce dernier de l’Apollon Smintheus. Les « souris » de 1 S 5-6 forment ainsi un objet textuel complexe, dont l’analyse demande de combiner une perspective philologique avec des considérations relevant plus franchement de l’histoire des religions.
*
Chen DANDELOT, Hélène GROSJEAN, « Les cornes rayonnantes de Yhwh en Habacuc 3 : origines et fonctions », p. 443
Cet article reprend la question de la traduction de la racine qrn dans le texte d’Habacuc 3. Le terme hébreu qui désigne à la base les « cornes » semble également pouvoir décrire un phénomène lumineux dans deux textes de la Bible hébraïque : Habacuc 3 et Exode 34. Le présent article propose, premièrement, d’analyser l’usage polysémique de qrn en Ha 3 en étudiant le rôle de cette racine comme attribut divin dans la Bible hébraïque ainsi que dans le Proche-Orient ancien. Deuxièmement, il replace l’utilisation polysémique de qrn dans le cadre socio-historique de rédaction du texte d’Ha 3. L’article propose enfin d’associer cette lecture à l’iconographie royale séleucide, qui utilise notamment les cornes rayonnantes dans leur propagande impériale, comme attesté dans la numismatique.
*
Doralice FABIANO, « Les juments de Potnies. Animaux, dieux et manía autour d’une source béotienne (Paus. 9, 8, 1-2) », p. 469
Cet article a le but de montrer comment le monde animal et le monde divin interagissent pour former un réseau d’associations partagé à l’intérieur de la culture grecque, qui sert à explorer et définir la pratique de la possession (manía). Pour ce faire, nous avons choisi de nous pencher sur les juments de Potniai, une petite ville de la Béotie, dont l’histoire est racontée par Pausanias (9, 8, 1-2) : devenues folles après avoir bu à une source d’eau aux pouvoirs extraordinaires, elles s’emballent, renversent leur maître, nommé Glaucos, et le démembrent. L’analyse fine des sources littéraires montre que ces animaux sont évoqués (notamment chez Euripide) pour exprimer certaines formes d’emprise divine, notamment celles, redoutables, de Dionysos et des Érinyes. D’autres dossiers suggèrent en effet qu’il existe dans la culture grecque des affinités profondes entre cet animal et la sphère de la folie provoquée par la colère.
*
Anna ANGELINI, « La place de l’animal dans l’étude des religions antiques. Réponse aux communications », p. 493
Cet article commence par revenir sur certains thèmes et enjeux des contributions présentées dans le volume. Il évoque ensuite les problèmes liés aux paradigmes épistémologiques employés dans l’étude du rapport entre animaux et religions antiques, en proposant quelques pistes de réflexion pour la recherche sur ce thème.
English Summaries, p. 507
Table des matières, p. 509