Le deuxième tome du volume 154 de la Revue de Théologie et de Philosophie est sorti !
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Sommaire
Bruno TRAVERSI, Bernard ANDRIEU, « Le corps comme réceptacle des dieux au Japon chez Ueshiba Morihei et Deguchi Onisaburō », p. 137
Ueshiba Morihei (1883-1969), créateur de l’aikidō, fonde son « budō » (voie martiale) avec Deguchi Onisaburō (1871-1948), dirigeant de l’Ōmoto-kyō, l’une des « nouvelles religions » japonaises. Ils conçoivent le budō comme« la voie de création et d’ordonnancement de l’univers » en opposition aux « budō corporels » influencés par le modèle occidental du sport. Selon eux, l’Occident, « matérialiste », a profondément modifié les pratiques japonaises de telle sorte que le vécu du corps comme shintai, comme réceptacle des kami (esprits ou divinités) lors des transes de possession est en voie de se perdre, et avec lui tout un monde. Le corps de possession rend communiquant les mondes : avec sa perte, il n’y a plus de transgressions possibles des frontières ontologiques ; l’homme ne peut plus s’unir à sa racine et retrouver sa totalité ; les animaux, les plantes et les pierres ne parlent plus et le dieu originel unique devient inaccessible, caché dans « l’imperceptible de l’imperceptible ».
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Philippe GROSOS, « Karl Jaspers, Siegfried Giedion, Pierre Teilhard de Chardin. Trois penseurs de l’histoire au regard de la préhistoire », p. 157
Par-delà leurs irréductibles différences, le philosophe Karl Jaspers, l’historien d’art Siegfried Giedion et le théologien Pierre Teilhard de Chardin ont ceci de commun qu’en élaborant chacun une pensée de l’histoire, ils ont su porter attention au concept de « préhistoire ». Et ils l’ont fait à une époque où seuls les préhistoriens s’intéressaient à la question. Que nous apprennent leurs analyses ? En quoi nous permettent-elles, aujourd’hui, de remettre en question l’opposition ordinairement admise entre histoire et préhistoire ? Peut-on voir en ces pensées un appel à refonder une philosophie de l’histoire ?
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Stéphane LAVIGNOTTE, « André Dumas et la figure de l’intellectuel chrétien », p. 171
Alors que la figure de l’intellectuel chrétien semble aujourd’hui en difficulté de légitimité dans les débats publics en France, il y a un intérêt à s’intéresser à André Dumas (1918-1996), aujourd’hui relativement oublié, qui fut un des intellectuels protestants les plus connus en France de son vivant. Les gestes de son éthique dans le débat public montrent comment il passe d’une figure intellectuelle à une autre : intellectuel universel, officiel, organique, traditionnel, spécifique… Étudier cette mobilité est une manière de reprendre les débats sur la place et le rôle de l’intellectuel, au-delà, de la seule figure de l’intellectuel chrétien.
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André CLAIR, « Kierkegaard et l’itinéraire de la liberté De Ou Bien – Ou Bien à “Coupable ?” – “Non-Coupable ?”», p. 189
Dans son œuvre multiforme, à la fois narrative et conceptuelle, lyrique et dialectique, Kierkegaard s’interroge sur la liberté, tantôt sur un mode théorique (ainsi dans Le Concept d’angoisse), tantôt sur un mode romanesque (ainsi dans les Stades sur le chemin de la vie). Il importe alors de mettre en rapport et de confronter ces textes. On prendra la liberté comme fil conducteur de l’existence, avec le thème du choix, exposé et analysé dans Ou bien – Ou bien. C’est aussi le choix qui est mis en scène dans une histoire singulière, « “Coupable ?” – “non-coupable ?” ». Si les textes théoriques explorent et éclairent le concept de liberté, pensé dans la tradition augustinienne et luthérienne, c’est la mise en récit qui donne sa pleine consistance à l’acte libre. Cela conduit à une recherche sur le statut de la subjectivité, dont le point ultime est explicité dans les Discours, éminemment dans les Œuvres de l’amour.
Bibliographie, p. 213
English Summaries, p. 243