Le quatrième tome du volume 153 de la Revue de Théologie et de Philosophie est sorti !
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Sommaire
DOSSIER : La relation personnelle à Dieu
Chloé MATHYS, « Vers une autre anthropologie de la prière. En-deçà et par-delà de la question religieuse », p. 379
Cet article propose le repérage et l’analyse de trois manières distinctes de conceptualiser la prière dans les travaux de sciences humaines et sociales qui la prennent pour objet à compter de la publication de l’essai de Marcel Mauss (1909). Ces trois conceptualisations de prière mises en débat des le XXe siècle sont déterminées par une variation des stratégies discursives et des rapports au théologico-religieux. Normalisée, la prière est définie selon sa forme jugée idéale. Désenchantée, elle est ramenée à une construction socio-psychologique. En relevant les intérêts comme les limites analytiques de chacune de ces options théoriques, l’objectif est de faire apparaître leur complémentarité afin d’esquisser les traits d’une nouvelle manière possible d’étudier la prière.
Agnès GROS, « Le dialogue de Thomas Merton avec les spiritualités d’Asie. Comment il enrichit l’approche chrétienne de la relation personnelle à Dieu », p. 399
Le moine trappiste américain Thomas Merton a abondamment écrit sur la vie intérieure et la mystique. Son dialogue avec des spirituels de différentes traditions, notamment asiatiques, l’a ouvert à d’autres approches et lui a fait approfondir sa quête spirituelle, en l’emmenant au-delà des frontières de sa propre tradition. En insistant surtout sur l’expérience, sur la relation à Dieu au-delà des mots, Merton a aidé d’autres chercheurs de Dieu à avancer sur le chemin de l’union avec le Divin. Il a aussi été un pionnier dans le domaine du dialogue inter religieux, en apportant sa pierre à la théologie chrétienne des religions.
Pierre GISEL, « D’un relationnel personnel au coeur du théologique. De la relation à quoi ou à qui ? comment et en vue de quoi ? », p. 419
L’article part du contemporain et de ce qui en affecte le religieux, un effondrement des médiations sociales et la montée de religiosités privées vivant d’un rapport direct à la vérité. Il reprend ensuite certains des motifs en cause, décalant les oppositions reçues. Ainsi sur les médiations, à repenser en lien à ce que sont tant le religieux que le social, sur l’extériorité, à repenser en lien à ce qu’est le sujet, sur ce qu’est une tradition, à repenser comme cristallisation culturelle et institutionnelle d’une voie d’accomplissement de l’humain, à investir et à valider comme telle, hors système auto-référencée. L’article fait enfin retour sur ce qu’il en est du christianisme, dans sa consistance propre, en principe faite d’une suite d’acculturations au creux des sociétés et des cultures, et vivant d’instances diverses et irréductibles. L’article y reprend le motif de l’expérience dite religieuse et en rapport à ce qui peut être une transcendance, mais cristallisée en corps à corps avec le monde et ce qui s’en éprouve et s’en dit, une expérience alors féconde, mais ainsi seulement.
Elio JAILLET, « Dire la ‘relation personnelle à Dieu’. Expérimentation dogmatique autour d’un thème délicat », p. 435.
Le thème de la « relation personnelle à Dieu » peut à la fois être approché comme un lieu théologique parmi d’autres et comme une conditionnas de l’exercice théologique en tant que tel. Cet article propose d’explorer au niveau doctrinal la relation entre ces deux aspects de la « relation personnelle à Dieu ». Il effectue d’abord un rappel des conditions contemporaines du travail de la théologie systématique comme herméneutique du discours religieux. Dans un second temps, il situe la place de la « relation personnelle à Dieu » dans la dogmatique. Finalement, il présente le statut et la place de la « relation personnelle à Dieu » pour l’exercice contemporain de la théologie à partir de trois figures théologiques – la prière, l’amour et le témoignage – sans nier la brisure qui traverse l’existence humaine.
Ruben BINYET, « Le pentecôtisme est-il une tradition mystique ? Réflexions sur une compréhension pentecôtistes de l’expérience chrétienne », p. 455.
Cette contribution utilise le potentiel heuristique du concept de mystique – qui encourt à lui seul le risque de poser plus de problèmes qu’il n’en résout – pour porter un regard enrichissant sur l’expérience et la croyance pentecôtiste. À partir d’un examen des contributions récentes dans le domaine de la théologie pentecôtiste, nous chercherons à montrer les modifications que le concept encourt lorsqu’il est appliqué au pentecôtisme, et que cette application l’ouvre à des trajectoires communautaires, apocalyptiques et missionnaires.
Stefan CONSTANTINESCU, « Passer de l’expression à l’inappropriable. Une relecture de la relation au Verbe chez Bernard de Clairvaux à travers la philosophie de Giorgio Agamben », p. 473.
Dans le Sermon 74 sur le Cantinque des Cantiques, Bernard de Clairvaux fait part de son expérience, exprimée en termes de « visites du Verbe ». De son propre aveu, il vise le dévoilement d’une ontologie de la personne qui se réalise pleinement par l’expérience immédiate du Verbe. La construction de la théologie bernardine est reprise dans cet article à partir du mouvement alternatif entre expérience et expression. La capacité humaine à produire de nouvelles formes de langage ne s’épuise pas dans la mise en oeuvre de la langue. Pour mettre en exergue cette idée, les termes d’inopersità (désoeuvrement) et d’inappropriable, forgés par Giorgio Agamben, sont utilisés pour montrer dans quelle mesure le cistercien emploie l’art des paroles pour produire l’effet de son expérience personnelle avec Dieu. L’article tente ainsi de montrer que les mots bernardins entrent dans un mode de désoeuvrement, afin de nous introduire dans la contemplation du Verbe en tant que forme de vie et transformation intérieure.
Bibliographie, p. 487.
English Summaries, p. 499
Table des matières (vol. 153), p. 501.