Le premier tome du volume 154 de la Revue de Théologie et de Philosophie est sorti !
Vous pouvez l’acquérir à la librairie Droz ou souscrire à un abonnement !
Sommaire
DOSSIER : Friedrich Dürrenmatt et la philosophie
*
Pierre BÜHLER, Jean-Pierre SCHNEIDER, « Avant-propos », p. 7
*
Gerhard SEEL, « Conversation entre deux promeneurs solitaires », p. 9
*
Peter GASSER, « Dürrenmatt et l’expérience philosophique », p. 19
Dürrenmatt a été profondément marqué par la philosophie qu’il a étudiée à l’Université de Berne. Le présent article montre quelques aspects de cette influence, qui comprend non seulement des aspects épistémologiques (Platon et Kant) auxquels Dürrenmatt s’est dit fidèle tout au long de sa vie, mais aussi une approche de l’écriture axée sur la communication indirecte, à la suite du Kierkegaard du Postscriptum aux Miettes philosophiques, puisant souvent dans les contes et les mythes antiques pour en dégager la pertinence et l’actualité, contre toute visée systématisante et dogmatisante qui prétend se saisir de la vérité en soi.
*
Etienne BARILIER, « Simenon et Kierkegaard, inspirateurs de La Promesse », p. 29
La donnée initiale de La Promesse est directement empruntée à Maigret tend un piège de Simenon. Mais cette histoire de piège cache une idée de sacrifice, chez Simenon lui-même, et bien plus encore chez Dürrenmatt. La Promesse apparaît alors comme une variation sur le récit du sacrifice d’Isaac tel que l’interprète Kierkegaard dans Crainte et tremblement. Le cœur de la méditation du philosophe danois, comme de la fiction de l’écrivain suisse, c’est l’absurde, qui pour Kierkegaard est salvateur, et donne son sens suprême au geste d’Abraham, alors qu’il est pour Dürrenmatt le non-sens même, vouant l’homme à craindre et trembler sans espoir d’apaisement.
*
Thierry SCHEURER, « Un essai sur La Panne de Friedrich Dürrenmatt », p. 41
Le but de cet article est de jeter un regard sur plusieurs aspects du roman La Panne de Friedrich Dürrenmatt. L’histoire est simple. À la suite d’une panne de voiture, un certain Traps est hébergé chez quatre amis. Invité à participer à un jeu, un procès où il aura le rôle de l’accusé, il accepte. Il est convaincu de meurtre, accepte sa culpabilité et se suicide. Après un bref condensé de l’histoire, l’article traite des thèmes suivants : le caractère de Traps et sa transformation au cours du jeu ; le rôle ambigu des quatre amis ; le genre tragi-comique grec de l’œuvre ; les aspects comiques ; les aspects tragiques : l’atmosphère d’anxiété et de mort ; les symétries et inversions ; l’art littéraire. En épilogue, une lecture diamétralement opposée à l’interprétation traditionnelle de l’œuvre est discutée.
*
Friedrich DÜRRENMATT, « À propos de Rosalie de Constant », p. 61
*
Friedrich DÜRRENMATT, « Réflexions sur la loi des grands nombres. Un essai concernant l’avenir (fragment) », p. 65
*
Pierre BÜHLER, « Présentation du projet des Stoffe », p. 77
Sont présentés les cinq tomes récemment publiés (2021) du Stoffe-Projekt, un immense chantier littéraire (30 000 pages dans les archives)qui a occupé Dürrenmatt pendant plus de vingt ans, jusqu’à sa mort. Tout en réfléchissant aux difficultés que cela représente, le dramaturge et penseur y développe une sorte d’autobiographie intellectuelle, où les souvenirs personnels alternent avec des considérations philosophiques et d’anciens matériaux littéraires qui continuent de l’habiter, réécrits et évalués du point de vue de leur signification pour son œuvre, mais aussi de leur valeur existentielle et humaine
*
Pierre BÜHLER, « Des Oeuvres complètes de Dürrenmatt en français ? », p. 83
Le volume que les éditions Albin Michel viennent de publier (2021) sous le titre : Friedrich Dürrenmatt, Œuvres complètes. Tome 1, pose problème. Il est peu probable que le projet de l’éditeur soit de proposer une traduction française des trente-sept volumes de l’édition allemande. Par ailleurs, la traduction déjà ancienne (des années 1950 et 1960) des quatre romans de ce volume s’avère difficile et trahit souvent, sous divers angles, les textes originaux de l’auteur alémanique.
*
Publications récentes sur Dürrenmatt, p. 89
VARIA
Daniel SCHULTHESS, « L’amour courtois, origines et signification : le débat Denis de Rougement – Henri-Irénée Marrou, avec deux lettres inédites d’Etienne Gilson et Louis Massignon », p. 106
Dans son œuvre L’Amour et L’Occident , Denis de Rougemont a pris pour thème l’amour courtois tel qu’il s’exprime dans la poésie des troubadours du XIIe siècle et dans le roman courtois du XIIIe siècle. Cette définition de l’amour, nouvelle et d’influence majeure, découle selon lui d’une dissidence religieuse, le catharisme, dont elle transpose les contours au vécu de l’amoureux face à sa Dame. Rougemont fait remonter à cette création médiévale beaucoup de facettes de la « passion » telle que la connaissent les temps plus récents. L’article documente à ses débuts la polémique suscitée par le livre, en utilisant des documents restés longtemps inédits (Marrou, Gilson, Massignon). Il met en place les deux niveaux du débat, portant l’un sur la méthode historique, l’autre sur la perméabilité des strates religieuse et profane dans la réalité sociale.
*
Bibliographie, p. 123
English Summaries, p. 131
Livres reçus, 133