Dans la tradition de l’empirisme logique la « méthodologie », appelée aussi « métascience », paraît vouer la réflexion épistémologique à l’analyse des aspects les plus durs (« hard ») des sciences naturelles. Vues dans leurs résultats, ceux dont l’histoire a entériné le succès théorique et surtout technique, ces sciences sont réduites d’une part à des ensembles de faits indépendants des opinions et des appartenances culturelles, d’autre part aux règles logiques de la déduction formelle qui sont supposées universelles; celles-ci, de plus, n’interviennent que dans la justification ou la critique des théories, aux dépens de leurs procédures d’invention. Ce point de vue est anhistorique — ou s’il faut tenir compte de l’histoire, c’est au prix d’une reconstruction rationnelle. Enfin, l’accent porté sur l’aspect logique du savoir réduit celui-ci à n’être qu’un langage, un langage épuré, c’est-à-dire exempt des défauts des langues naturelles et qu’on peut ramener à des classes d’énoncés doués de propriétés distinctives, combinables et hiérarchisables in abstracto.