Dans l’histoire de la pensée européenne, le XVIIIe siècle n’est plus simplement considéré comme une période sécularisée et antichrètienne; depuis quelque temps on relève un intérêt croissant pour les courants religieux des Lumières1. Ainsi en arrive-t-on à ne plus caractériser le passage du XVIIe au XVIIIe siècle par un processus de déchristianisation, terme à la signification problématique et ambiguë, mais plutôt par un changement des sensibilités religieuses. Ce dernier se manifeste notamment par l’apparition d’un type nouveau de «théologie naturelle» qui s’appuie de plus en plus sur les résultats des nouvelles sciences de la nature. Les diverses « physico-théologies» qui voient le jour au tournant du siècle en sont la manifestation la plus spectaculaire: les découvertes des savants y servent de base pour démontrer les dogmes centraux de la religion chrétienne.