La présente étude s’efforce de montrer que la prise en compte de la notion d’expérience permet d’appréhender tant la spécificité d’une définition médiévale de la théologie mystique que la nature précise du discours que Jean Gerson a tenu à son sujet: loin de viser un discours sur une expérience extatique, le syntagme «théologie mystique» renvoie en effet, chez Gerson comme chez d’autres maîtres médiévaux, à cette expérience elle-même; quant à l’approche gersonlenne de la théologie mystique, elle s’élabore et se revendique, aussi étrange que la chose puisse paraître a priori, comme la théorie d’une expérience dépourvue de toutfondement empirique.