Sur deux points importants, la pensée de Castellion a préfiguré celle de Spinoza: l’auteur du De arte dubitandi et celui du Tractatus theologico-politicus partagent une conception éthique de la religion et une conception critique de l’Écriture. Pour l’un et l’autre, éthique et critique procèdent d’une même exigence de concorde et de paix. Spinoza, sur le terrain critique, ira beaucoup plus loin que Castellion. Ce dernier, en revanche, a proposé une vision «christique» du bien et du mal que presque tous ses contemporains et successseurs ont ignoré, mais qui peut nous inspirer aujourd’hui.