Ce que les premiers lecteurs de l’Ethique trouvaient scandaleux dans le spinozisme, c’est que ce système rejette la création et exclut la liberté humaine. Dieu y est regardé comme la substance unique, dont tous les êtres singuliers, les choses particulières, ne sont que des modifications, qui découlent nécessairement de sa nature infinie3 et sont des parties reliées entre elles dans l’unité du Tout. L’homme est « une partie de la nature », et assujetti à ses lois universelles; il n’est pas « un empire dans un empire » ; s’il est incapable d’actions libres, c’est qu’il n’est lui-même qu’un produit de causes extérieures, soumis aux influences qu’il subit et qu’il transmet nécessairement; il est dépourvu d’individualité.