Selon la conception fichtéenne de la philosophie, le philosophe ne peut s’en tenir à sa pure science, mais doit s’engager dans la praxis politique, avec tous les risques que cela comporte. Ce passage du plan de l’a priori à celui de l’a posteriori s’avère problématique. Si Fichte a peu varié dans sa définition de l’Etat idéal, en revanche son jugement quant à la réalisation possible de cet idéal et aux moyens à mettre en œuvre pour y parvenir ont considérablement évolué. Cette évolution de sa pensée politique, souvent qualifiée de «machiavélisation», peut sans doute être expliquée par des arguments d’ordre tant historique que systématique. Toutefois, elle ne laisse pas cle jeter un doute sur le caractère de «science» que Fichte prétend attribuer à la politique, en même temps qu’elle risque de rendre sujette à caution la consistance de la pensée transcendantale en matière de politique.