«L’existence est-elle un prédicat?» Cette question, une des questions classiques que se pose la philosophie, renvoie, en ce qui concerne sa formulation, à Kant. C’est en effet lors de sa critique de la preuve ontologique que le philosophe de Königsberg s’est demandé quels étaient les rapports entre l’existence et l’attribution. On connaît sa réponse: le terme <est> n’est pas un prédicat, ou plus précisément, car se contenter de cette affirmation c’est tronquer le texte de Kant, il n’est pas un prédicat réel, ni dans l’ordre logique où il est copule et «met le prédicat en relation avec le sujet», comme dans « Dieu est tout-puissant », ni dans l’ordre de la réalité, où en disant « Dieu est », «je n’ajoute aucun prédicat au concept de Dieu, mais je ne fais que poser le sujet en lui-même avec tous ses prédicats, et en même temps, il est vrai, l’objet qui correspond à mon concept.» Bref, l’existence — nous ne nous occuperons pas ici de la copule — n’est pas un prédicat réel, car elle ne s’ajoute pas au sujet, comme par exemple la toute-puissance.