Pour le philosophe c’est nécessairement sur un fond d’ignorance que s’ouvre le chemin d’une réflexion sur les sciences humaines, puisqu’il lui est impossible de prétendre embrasser l’ensemble des entreprises scientifiques dans ce domaine. Il apparaît cependant que les frontières de ce domaine débordent le cadre strict réservé au savant. Les sciences humaines pénètrent largement le monde de la culture en général, au moment où les sciences de la nature lui échappent de plus en plus. Anthropologie, psychologie, sociologie, ethnologie, linguistique, science politique et économique sont revendiquées, à des titres et des degrés divers, par le philosophe, le critique des arts et des lettres, le théologien, voire l’écrivain et l’artiste. Elles inspirent toutes sortes de discours qui empruntent parfois simultanément à la science, à la philosophie et à la littérature. L’ethnologue C. Lévi-Strauss est aussi philosophe et poète. Enfin, par l’intermédiaire des différents organes de vulgarisation, qui vont de l’édition populaire aux mass media, les sciences humaines sont devenues des références culturelles privilégiées l’homme de la rue. L’information ne fait pas que diffuser les productions du savoir, elle les transforme en objets culturels et leur confère ainsi une portée immédiatement existentielle. Les sciences humaines sont entrées dans les mœurs.