Le protocole des deux séances du séminaire auquel Ebeling invite Heidegger à participer en 1961 témoigne de leur tentative de dialoguer sur le fond, du côte de Heidegger, de son dialogue antérieur avec Bultmann et de sa lecture de Luther au cours des années 1920, et, du côte d’Ebeling, de sa familiarité avec l’œuvre ultérieure de Heidegger. Afin d’interroger la relation entre théologie et Philosophie, Ebeling propose de partir de la Disputatio de homine de Luther. La lecture du De homine par Heidegger, essentiellement interrogative, s ‘abstient étonnamment de recourir aux notions à l aide desquelles se déploie sa propre pensée, pour s ‘attacher au texte même de Luther. Heidegger interroge la manière dont Luther s ‘approprie la conceptualité scolastique en la soumettant à une destructio. Reprenant une Suggestion d’Ebeling, Heidegger avance d’abord que la définition théologique de l’homme repose sur le prédonne du kérygme, ce qui implique de penser l’homme en termes d’écoute. Il interroge ensuite l’appropriation luthérienne de la conception scolastique de l ‘homme, des quatre causes et du couple forme – matière, pour opposer aux scolastiques l’expérience grecque de l ‘homme en tant qu’être mortel.