Les Lumières européennes provoquent un double déplacement des coordonnées socio-culturelles dans lesquelles s’inscrit le christianisme : la critique rationnelle de la religion et la privatisation du croire induisent un processus de sécularisation auquel le christianisme doit réagir. Pour ce faire, le protestantisme développe une théorie du christianisme dont Kant, Schleiermacher et Hegel formulent les paradigmes. C’est au gré d’une reprise sélective de ces trois penseurs qu ‘au cours du XIXe et du XXe siècle le protestantisme allemand se positionnera au sein du monde moderne, s’efforçant d’identifier les sphères socio-culturelles lui permettant de faire valoir le thème où se jouent tant sa vérité théologique que sa pertinence socio-culturelle : la liberté. Ce cadre théorique permet d’expliciter ce qu’il en est de concepts souvent galvaudés : théologie libérale, Kulturprotestantismus, néo-protestantisme.