Cet article a pour objet la façon dont Montaigne envisage la philosophie comme une forme de pédagogie. Si l’on connaît bien les développements des Essais qui, inspirés par le néo-stoïcisme, font de la réflexion sur la finitude de l’existence un apprentissage philosophique, les développements consacrés à l’apprentissage ne sont généralement envisagés que dans la perspective d’une histoire de l’éducation. Or ils amènent Montaigne à s’intéresser au processus d’éclosion de l’esprit critique plutôt qu’à ses fins ultimes, et permettent par conséquent d’enrichir l’idée que nous nous faisons des rapports de l’essayiste au savoir philosophique. Leur originalité débouche notamment sur une redéfinition de l’écriture comme source de connaissance, ainsi que sur une conception du plaisir littéraire entendu comme une expérience de pensée et de vie fondatrice.