Quelle réponse donner au «mal radical», inimaginable et indicible, que le XXe siècle a produit, un mal associé à des lieux comme Auschwitz et Srebrenica? Comment rendre justice face à de tels crimes qui, par leur violence extrême, s’avèrent impardonnables et impunissables? Ces questions constituent à la fois le défi et le paradoxe de ce que l’on appelle aujourd’hui la justice transitionnelle (Transitional Justice). Dans les réflexions qui suivent, nous envisageons de construire le discours de la justice transitionnelle – ce discours d’une justice inévitablement imparfaite et fragile – en termes de reconnaissance: reconnaissance des victimes et de leurs souffrances face au mépris de la collectivité. Dans cette perspective, nous tâchons de mettre en lumière la dimension collective d’un discours de la reconnaissance qui pense la justice transitionnelle «à partir de» et «avec» ceux qui ont subi des violations massives de leurs droits humains.