L’élection d’un nouveau professeur au Collège de France est un fait important dans la vie intellectuelle française (c ‘est toujours le cas aujourd’hui) et le premier cours public, un événement mondain très fréquenté. Les menaces qu ‘avaient proférées les milieux nationalistes et réactionnaires ont pesé lourdement sur le déroulement de cette matinée du 3 mai 1909, au cours de laquelle Alfred Loisy (1857-1940) prononça sa Leçon d’ouverture, et laissent entendre que le choix de l’exègète pour occuper la chaire d’histoire des religions du Collège, pourrait avoir un sens exclusivement politique. La réponse n ‘est pas aussi aisée qu ‘il paraît et cette communication énumère et analyse les conditions politiques mais aussi les rivalités de méthodes qui traversaient alors l’histoire des religions. Elle fait état aussi des soutiens amicaux comme des atouts personnels de Loisy, qui ont porté cette candidature. C’est donc, de notre point de vue, un faisceau de circonstances diverses qui rend compte de cette élection – difficilement acquise lors de l’assemblée des professeurs réunie au Collège de France le 31 janvier 1909 – à une chaire particulièrement «sensible», d’un prêtre catholique frappé, moins d’un an plus tôt, le 7 mars 1908, par le magistère romain, d’excommunication majeure.