Lire Certeau en théologien, c’est consonner avec une articulation à l’histoire, vue dans ses discontinuités et comme lieu de productions, imaginaires et autres, et ainsi scène d’un désir et d’une exposition maximale au monde. On renvoie alors à un excès, jamais dit directement, mais en travail au cœur du présent et de l’Immanence. Lire Certeau en théologien, c’est assumer ainsi une modernité signant la fin du rapport à un cosmos différencié et signifiant, pour entrer dans une passion de l’Unique, absent. Au creux d’une perte, d’un exil, d’une épreuve, qu’attestent les mystiques, eux qui disent un corps à corps avec le monde, une altération originaire, un avènement singulier. Et qui les écrivent. Or, la théologie est justement articulée à de la mémoire, textuelle et fictive, et aux jeux institutionnels à laquelle cette mémoire émarge, fût-ce sur mode d’écart ou de dissidence ; et son travail passe par l’anthropologie d’un croire, de dimension radicalement humaine et irréductible en l’humain. S’y dit une subversion, non un dépassement, du monde.