Le thème de la dimension corporelle de l’existence est un motif classique de la phénoménologie, qui a fortement mis en évidence l’expérience que nous faisons de notre corps en première personne, soustrayant celui-ci à toute objectivation. L’auteur déplace dans cet article la position phénoménologique en montrant que le corps propre n ‘est pas seulement une sphère intime etfamilière, mais comporte des aspects d’étrangeté et d’extériorité. Par lui, je suis exposé à des affections qui m’atteignent au plus profond de moi-même sans qu ‘elles soient miennes. Par lui, je sens ma vulnérabilité sans laquelle cependant je ne pourrais pas faire l’expérience d’un monde. «Pivot» entre le faire et le pâtir, la nature et la culture, le propre et l’étranger, le corps propre est un thème nodal autour duquel tout questionnement philosophique peut se déployer.