Si nous autres êtres humains ne sommes pas «à l’épreuve des épreuves», les philosophes, pourtant, peinent à faire en pensée l’épreuve de l’épreuve, peu s’étant efforcés de conceptualiser ce vécu déchirant. Aussi est-ce l’ambition de ces pages que d’éclairer cette réalité et de clarifier son idée en perçant à jour l’un de ses paradoxes constitutifs : l’épreuve n ‘étant réellement ce qu ‘elle est que pour qui ignore qu ‘elle est ce qu ‘Il vit, sans quoi s’amoindrit son caractère proprement éprouvant, penser l’épreuve semble revenir à saisir sur le vif l’écorché vif qu’est l’éprouvé, en faisant fi de l’objection qui demanderait quelle connaissance prendre de celle-ci auprès de lui si lui-même la méconnaît comme ce qu ‘elle est. Ainsi l’épreuve ne se voit-elle qu ‘au miroir de l’éprouvé.