L’évangile de Matthieu présente trois évocations tant soit peu détaillées du jugement eschatologique : la condamnation de ceux qui « disent : Seigneur, Seigneur! » (7,21-23), la seconde partie de l’interprétation de la parabole de l’ivraie dans le champ de blé (13,4043), ainsi que la célèbre scène dans laquelle le Christ-Fils de l’homme sépare l’humanité à l’instar du berger distinguant les brebis des boucs (25,3146). Le premier texte s’inscrit sans nul doute dans la polémique contre les faux-prophètes (7,15-20), et reflète un affrontement interne à la communauté matthéenne. L’interprétation des deux autres péricopes s’avère moins aisée ; l’exégèse se trouve en effet placée devant une alternative: le thème du jugement est-il appliqué à l’église de Mt, relevant en ce sens de la parénèse ecclésiale, ou le rédacteur de l’évangile veut-il évoquer un jugement universel atteignant indifféremment l’Eglise et le monde? En d’autres termes, la visée matthéenne est-elle d’ordre ecclésiologique ou d’ordre universaliste?