Pour l’auteur, le projet moderne et européen d’éducation qui se réfère à la philosophie des Lumières est institutionnellement en crise depuis la fin des années soixante. Cette crise est analysée comme le symptôme d’une autre crise, plus ancienne et plus profonde: celle de la science comme «savoir vrai», crise banalisée depuis le début du siècle notamment en physique et en mathématiques. La fracture entre science et vérité pose de façon inédite et radicale la question des conditions de possibilité de la transmission du savoir. Cette question portant sur la nature et le pouvoir de la raison, le détour par le mythe s’avère ici nécessaire. Analysant la fable de La Fontaine «Le Laboureur et ses enfants». L’auteur montre que la transmission obéit à une logique inconsciente qu ignorent les techniques de la communication et qui interdit de penser que l’écriture du savoir pourrait garantir sa transmission. Comment dès lors poursuivre aujourd’hui le projet moderne d’une éducation rationnelle, sinon en se refusant à réduire l’acte éducatif aux techniques de la communication et en prenant le risque de laisser ouverte la question de la vérité du savoir à transmettre?