Il n’y a pour Kant que deux façons de concevoir une correspondance nécessaire entre l’expérience et les concepts de ses objets: ou bien l’expérience rend les concepts possibles, ou bien ce sont les concepts eux-mêmes qui rendent l’expérience possible. Kant rejette la première solution et adopte la seconde. Il existe, cependant, une troisième possibilité, que Kant écarte également, parce eju’elle conduit, selon lui, nécessairement à une position sceptique: c’est celle qui postule une sorte d’harmonie préétablie entre les lois de la pensée et celles de la nature. Après avoir réexposé l’argument de Kant, on examinera les conceptions de quelques théoriciens qui se réclament de cette troisième position, influencées par Darwin, tels Mach et Boltzmann, et l’on s’interrogera sur les raisons pour lesquelles Frege a manifesté une telle méfiance à l’égard des conquêtes que le darwinisme était en train de réaliser sur le terrain de la théorie cle la connaissance.