Diogene Laërce rapporte que Diogene le Cynique « sacrifia les lois à la nature » (D. L, 6,71). Cette remarque lapidaire constitue le meilleur condensé de la philosophie de l’homme de Sinope, qui condamne en effet la loi, prototype de ce qui est conventionnel et artificiel, et comme tel origine du malheur humain, et exalte la nature et ce qui lui est conforme comme la clé du bonheur. Or ce refus de la convention, de l’artifice, idée centrale de l’enseignement de Diogene, revêt deux aspects. Diogene attaque en effet la convention non seulement dans ce qu’elle a de matériel: argent, luxe, honneurs, mais aussi dans ce qu’il est possible d’appeler ses manifestations spirituelles, sciences, arts, lois et institutions des sociétés politiques, rites des religions en place. Pour lui les productions d’une culture élaborée constituent aussi une forme de richesse inconciliable avec la pauvreté cynique. C’est de ce second aspect que traitera le petit travail qui suit.