Cet article se propose de lire l’Ancien Testament comme littérature de crise à partir d’un paradigmefourni par la sociologie moderne. Trois attitudes principales caractérisent les réactions intellectuelles face à la situation de crise: l’attitude «utopique», l’attitude «nostalgique» et l’attitude «scientifique». Ces trois attitudes permettent de décrire les grands courants idéologiques du peuple hébreu face au drame national de l’exil babylonien. Pour les prophètes, l’exil apparaît comme un temps intermédiaire annonçant une ère de salut. Les milieux sacerdotaux présentent le retour aux institutions religieuses passées comme la seule solution à la crise. Les intellectuels de l’école deutéronomiste cherchent à comprendre les raisons du drame de l’exil sans immédiatement proposer de solutions pour le futur. La société juive de l’époque exilique, puis post-exilique est caractérisée par la cohabitation et le dialogue de ces différentes perspectives. Cette cohabitation peut être proposée comme paradigme pour une approche de la crise en société moderne.