A toutes les époques, l’interprétation du Parménide de Platon a soulevé les plus grandes difficultés. Naturellement, c’est la seconde partie du dialogue, les hypothèses, qui laisse le lecteur perplexe. La signification immédiate du texte échappe, et le lecteur se demande s’il a affaire à une série de jeux de mots et à un exercice gratuit, ou bien s’il s’agit d’une discussion rigoureuse et, dans ce cas, quelle réalité y est signifiée. Au XVIIIe siècle, quand on a cessé de lire ce texte à la lumière de la tradition néoplatonicienne, pour éviter d’avoir à rejeter le dialogue du Corpus platonicien, on a inventé une période mégarique dans l’activité de Platon, et l’on a attribué à la prétendue influence d’Euclide de Mégare, confondu pour les besoins de la cause avec le mathématicien, le caractère logique de ces textes. Plus tard, ce sont les études sur le vocabulaire et le style des dialogues qui ont apporté la preuve indubitable de l’authenticité du Parménide et permis de lui retrouver une place dans le Corpus des écrits de Platon. Après toutes ces recherches, le problème de l’interprétation globale du Parménide se retrouve posé comme auparavant, mais en des termes nouveaux, et aujourd’hui encore le point final à cette discussion n’a pas été trouvé.