La décision d’excommunier l’hérétique prise par l’autorité cléricale relève, dès les premiers siècles du christianisme, de l’organisation institutionnelle de l’Eglise. Mais elle ne peut être séparée de l’ensemble des représentations mises en œuvre par la tradition polémique pour réduire le scandale des dissensions qui peuvent se produire sur le plan religieux entre les Chrétiens. Elle ne tire pas en effet son efficacité seulement du pouvoir reconnu des évêques, mais aussi de la validité que lui confèrent les motifs d’exclusion forgés peu à peu par l’enseignement antihérétique. L’image de l’hétérodoxe créée et développée depuis Justin par la littérature des Traités contre les hérésies joue un rôle déterminant dans la mise à l’écart des tenants d’opinions qui sont perçues comme des divergences par rapport à l’unicité de la doctrine prônée par l’Eglise. L’hérésiologie même n’a de cesse qu’elle n’ait transformé le courant qualifié d’hérésie et ses représentants en corps étrangers dont l’expulsion paraisse aller de soi.