Il y a peu de textes du vingtième siècle qui aient été aussi souvent cités, voire imités que la Déclaration Théologique de Barmen, et particulièrement sa première thèse. Celle-ci donne une réponse spécifique et précise à la question des fondements de la foi chrétienne, de la théologie et de la prédication de l’Eglise ainsi qu’à celle de l’existence humaine comprise au sens le plus large. Répondant à un double défi, elle ne parle donc pas dans l’abstrait: d’un côté elle se prononce directement sur la situation de l’Eglise évangélique allemande après la prise du pouvoir nazie dans l’Etat et dans l’Eglise; ici ce sont surtout les «Deutsche Christen» qui sont visés. D’autre part la Déclaration Théologique de Barmen dénonce ce qu’elle considère comme une des graves faiblesses de la vie tant ecclésiale que publique: le fait d’accorder une confiance beaucoup plus grande aux réalités de la vie qu’à la grâce, ainsi que la volonté de faire dériver Dieu de l’Histoire, de la Raison ou du Sentiment plutôt que de l’Ecriture. Comme le synode l’avait alors déclaré, cette première thèse est une vigoureuse protestation «contre ce phénomène qui a lentement préparé la dévastation de l’Eglise depuis plus de deux cents ans déjà. Car il n’y a, pour l’Eglise, qu’une très mince différence à accepter, à côté de la Sainte Ecriture, les exigences normatives d’événements historiques ou à accepter le Diktat de la Raison, de la Culture, du sentiment esthétique, du Progrès ou encore d’autres Grandeurs et Puissances.»