« Ne reste plus aveugle, Seigneur Dieu, sourd à notre prière et muet tandis que nous souffrons en silence. Se pourrait-il que tu sois blanc, ô Seigneur, une chose pâle et sans cœur?
Ah, Christ de toutes les Miséricordes Pardonne-nous cette pensée! Pardonne le blasphème de ces paroles irréfléchies. Tu es toujours le Dieu de nos pères noirs. »
Cette prière-confession de foi pourrait fort bien être celle de James H. Cone. Composée pourtant au début du XXe siècle, elle continue à exprimer le dilemme de nombreux Noirs américains. Comment concilier foi et ségrégation raciale? Comment croire en un Dieu qui a «permis» l’horreur de l’esclavage? Comment être quelqu’un lorsque les Blancs ne cessent de faire croire que Dieu a créé le peuple noir pour être à leur service? Comment vivre dignement sans identité, sauf le dimanche à l’Eglise?