Pour décrire les moyens dont dispose l’individu pour se constituer en personne (partagée entre l’identité du caractère, l’idem, et le soi plus personnel et moral de l’ipse), Paul Ricœur, dans Soi-même comme un autre (Paris, Seuil 1990), emprunte aux linguistes deux ensembles conceptuels: les références identifiantes (noms propres) et les actes d’autodésignation du je. Mais, par ce double biais, la pragmatique linguistique conduirait, selon lui, à une impasse, éludant finalement la question du qui? C ‘est oublier que, dans l’énonciation, le je lui-même acquiert une certaine épaisseur sémantique. Une poésie mimétique d’action comme la poésie lyrique grecque montre le rôle que peut jouer dans la constitution du moi une identité enunciative collective, qui inscrit d’emblée la dialectique entre l’idem et l’ipse dans le rapport avec les autres, sans référence ni métaphysique ni théologique.