Parmi les ouvrages parus en théologie morale ces dernières années, il en est peu qui soient aussi exemplaires de cette discipline que celui d’Eric Fuchs. Il n’est en effet ni seulement une œuvre de réflexion éthique sur un thème contemporain, ni seulement une contribution de théologie biblique et historique; il unit les deux, plus que ne le laisse entendre son sous-titre. De plus, le thème a l’avantage par ailleurs d’être à la fois particulier et fondamental. Particulier car la sexualité n’est qu’un des secteurs du comportement humain, et l’auteur s’en souvient à plus d’une reprise contre une tendance à survaloriser la morale sexuelle comme si elle était tout le champ de la « moralité » ou comme si elle était sans rapport avec les réalités politico-économiques; mais, d’autre part, son enjeu est fondamental, « car entre le désir et la tendresse s’ouvre un chemin d’humanisation, où la tendresse, qui est reconnaissance émerveillée de l’altérité de l’autre, dit le sens du désir, et où le désir, qui est force de vie et don de la joie, se donne comme source de toute tendresse possible » (p. 2). [Eric Fuchs, Le désir et la tendresse. Sources et histoire d’une éthique chrétienne de la sexualité et du mariage (Le champ éthique, 1). Genève, Labor et Fides, 1979, 249 p.]