Deux historiens de l’art, l’un de Suisse romande, l’autre de Suisse alémanique, viennent de présenter, chacun, une thèse de doctorat qui, évitant la spécialisation de rigueur, pénètre au cœur d’une herméneutique régionale, celle de l’œuvre d’art. O. Bätschmann s’intéresse au discours, possible ou impossible, que l’on prononce au vu d’une œuvre d’art. Ph. Junod se concentre sur l’œuvre elle-même qu’il décroche de tout modèle antérieur. L’un et l’autre pressentent et affirment des réalités dans l’œuvre d’art, qui, rugueuses et sensibles, résistent à l’analyse génétique ou sémiotique. L’un parle de négativité, l’autre d’opacité: ce sont des litotes pour désigner peut-être le spécifique d’une œuvre d’art. L’amitié que je porte à ces deux historiens de l’art ainsi que le souvenir d’entretiens, anciens ou récents, m’ont encouragé à les mettre en contact l’un avec l’autre et à les faire dialoguer. François Bovon [Philippe Junod, Transparence et Opacité. Réflexions autour de l’esthétique de Konrad Fiedler, Lausanne, L’âge d’homme, 1976 & Oskar Bätschmann, Bild-Diskurs, Die Schwierigkeit des parler peinture, Bern, Benteli, 1977]