Sorti de presse en 1917, deux ans avant le Römerbrief de Karl Barth, Le sacré se rattache expressément au courant théologique inauguré par Schleiermacher. Malgré cela, il ne cesse d’être réédité et les théologiens comme les philosophes de la religion recommencent à le citer avec une fréquence qui fait figure de véritable hommage. Les ouvrages de théologie protestante qui résistent ainsi à l’usure du temps ne sont pas bien nombreux. La vitalité de celui-ci mérite toute notre admiration. Il est vrai que les auteurs actuels font généralement allusion à son contenu phénoménologique, presque jamais à ses conclusions d’ordre théologique. Mais on voit mal comment on pourrait continuer à se référer valablement à l’œuvre principale de Rudolf Otto sans jamais prendre en considération le fait qu’il a été phénoménologue du sacré pour des raisons d’ordre théologique, bien plutôt que l’inverse.