La Croix du Christ objet de débat: pourquoi pas? Aucun théologien, en effet, ni aucun magistère, ne la tient en mains comme un donné. Elle reste un événement, une histoire à laquelle nous sommes tenus — tenus de nous tenir… Mais quelle histoire? La «Parole de la Croix» renvoie, à l’extérieur d’elle-même, à un événement; et dans l’historicité de cet événement se cache une autre historicité, une autre extériorité, eschatologique celle-là: dans la faiblesse du Crucifié, la puissance du Royaume de Dieu. Mais que se passe-t-il là réellement? Voilà le débat, auquel aucun théologien n’échappe et dont Pierre Bühler a fait le titre de sa thèse. Nous tenons à le prendre au sérieux, bien que Bühler n’ait eu ni une méthode ni une information assez sérieuse; car notre seul véritable intérêt critique est le commun travail d’interprétation de l’histoire du Christ auquel nous sommes attelés ensemble. Nous passerons donc rapidement, après une première présentation, sur les lacunes et les partis pris de cette thèse, pour mettre le point sur l’interprétation de l’avènement du Royaume de Dieu dans la Croix du Christ. [Pierre Bühler, Kreuz und Eschatologie. Eine Auseinandersetzung mit der politischen Theologie im Anschluss an Luthers theologia crucis, Tübingen, Mohr, 1981, 435 p.]