Dans l’oeuvre de Dostoïevski, le paradigme de l’enfance est omniprésent et incarne la vertu christologique par excellence : la compassion rédemptrice. Chez Nietzsche, ce paradigme est tout aussi central, mais il acquiert une signification foncièrement équivoque, puisqu’il désigne tantôt l’attitude évangélique la plus authentique (le véritable enseignement de Jésus), tantôt son exact opposé : le courage cruel d’une volonté de puissance qui surmonte toute nostalgie de rédemption. Dans cet article, nous avons cherché à montrer cpie la symbolique de l’enfance permet de saisir de manière condensée les enjeux éthiques sur lesquels ces deux auteurs se rencontrent pour aussitôt s’éloigner radicalement l’un de l’autre.