Tout au long de son œuvre, Henri Bergson s’estpenché sur le temps du vécu qu ‘il nomme «durée», une notion qu ‘il a, des années durant, cherché à cerner. Du point de vue de l’énonciation de sa pensée surgit une difficulté : comment mettre des mots sur une notion qui a pour caractéristique d’échapper aux schemes de penser habituels, de se soustraire aux filets du logos Si, comme il le souligne, «[l]a pensée demeure incommensurable avec le langage», il se doit d’ouvrir une nouvelle voie pour formuler malgré tout sa pensée en faisant appel à des ressources langagières proprement inhabituelles, voire étrangères à la philosophie. Pour dire le temps, le philosophe se doit de briser les cadres de la pensée conceptuelle. Ainsi, l’emploi de la métaphore, habituellement ressource du langage poétique, devient sous la plume du philosophe français un outil privilégié du philosopher, transcendant les concepts pour atteindre ce qu ‘il nomme l’intuition de la durée immanente à chacun de nous.