Dans «De l’ontologie au XXe siècle» (cette revue, 1982/2, p. 121-140), Gilbert Hottois a appliqué à la philosophie des sciences son analyse de la «secondarité» caractéristique, selon lui, de la philosophie contemporaine, et plus spécialement de la philosophie analytique anglo-saxonne (considérée surtout, il est vrai, à travers sa première réalisation historique, celle qui correspond, en gros, au positivisme logique); et il a montré comment Bernard d’Espagnat, sans vraiment parvenir, même dans son domaine propre, celui de la philosophie de la physique, à définir un véritable au-delà de la secondarité, a pressenti les faiblesses de l’attitude «secondaire». Après avoir retrouvé ces faiblesses, et surtout le malaise qu’on éprouve devant le caractère apparemment inévitable de la secondarité, dans la philosophie allemande récente, Hottois indiquait une issue: selon lui, la philosophie ne pourra sortir de la secondarité, et échapper à sa «misère ontologique», qu’en devenant ce qu’il appelle une «philosophie de la technique».