La partition aux éditions du Cerf d’une nouvelle introduction à la théologie de Barth, due à la plume eminente de Denis Müller, nous fournit l’occasion d’une réflexion sur les caractéristiques nécessaires d’un ouvrage de la sorte et sur les difficultés du genre. En effet, il semble a priori inutile d’ajouter quelques feuilles supplémentaires à l’immense production consacrée à Barth, spécialement s ‘il s ‘agit d’introduire unefois encore globalement à une pensée mille fois exposée. Denis Müller prend le risque, poussé par la conviction que le temps est venu d’une lecture plus distanciée, plus sereine, qui permettra de faire taire les fausses querelles et les mauvais procès. Mais bien qu ‘il y parvienne en grande partie, le problème majeur de son ouvrage semble le refus inconscient d’une lecture vraiment radicale de Barth qui permettrait de le situer véritablement à sa juste place sur l’horizon de la théologie du XXe siècle, comme le théologien qui rend impossible la théologie, dans la ligne d’Overbeck et à l’image de l’entreprise heideggerienne en philosophie.