L’herméneutique du soi proposée par Paul Ricœur dans les années quatre vingt-dixfait une large place au récit autobiographique. Elle place ainsi au cœur de la constitution de l’identité personnelle la capacité défaire retour sur soi en termes narratifs. Abordée sous l’angle non seulement de la permanence d’un noyau substantiel – la mêmeté – mais également de celle impliquée dans l’acte de tenir parole – l’ipséité – l’identité est ici conçue comme étant narrative. Seul un sujet capable de se raconter serait ainsi capable du maintien de soi dans la parole donnée. Or, confrontée à l’hypothèse de l’inconscient, cette conception narrative de l’identité fait problème : que ce soit au niveau anthropologique et métapsychologique d’une part, ou au niveau de la méthode et de la clinique psychanalytique d’autre part, le récit autobiographique ne saurait rendre compte de la dimension inconsciente de l’expérience. Elle ne peut en ce sens constituer un concept directeur dans le champ théorico-clinique ouvert par Freud.