A la question «Qu’est-ce qu’une Eglise catholique en une période de schisme?», il m’appartient d’apporter, au début de ce cycle de conférences, la « réponse de Jean Calvin ». Cette réponse tient tout entière dans le titre de mon exposé. En faisant du Réformateur de Genève le pionnier de la catholicité évangélique, je ne me dissimule pas les réactions auxquelles je peux donner naissance. Il peut paraître paradoxal en effet, scandaleux même, d’affirmer devant un auditoire qui compte sans doute maints catholiques que l’homme qui, après l’impulsion décisive donnée par Luther, a finalement assis la Réforme sur des fondements qui ont résisté jusqu’à ce jour a été un des protagonistes de l’unité chrétienne. Et, pourtant, au-delà de cet apparent paradoxe, il y a une indéniable vérité. C’est elle que j’essayerai de mettre en lumière. J’examinerai, dans une première partie, le souci de la catholicité qui a habité Calvin. Dans une deuxième partie, je montrerai les efforts que celui-ci a déployés pour essayer de regrouper la chrétienté évangélique du XVIe siècle. Dans une troisième partie, enfin, je relèverai les éléments constitutifs de la catholicité retenus par Calvin et, de manière négative, puisque le XVIe siècle a été malheureusement un siècle de déchirure pour la chrétienté, les limites de cette catholicité évangélique.