Avant d’examiner quelques aspects de Jérusalem dans les écrits rabbiniques, il convient de marquer la place que cette ville occupe dans la littérature hébraïque et juive. Dans la Bible hébraïque, la Torah mentionne une seule fois le nom de Salem (Gn 14,18), en rapport avec Melchizedek, roi de cette ville. D’autres indications sont plutôt allusives: ainsi en Dt 12,5, l’injonction de servir Dieu «dans le site qu’il choisira», ou la référence «au pays de Moriah» en Gn 22,2, à propos du sacrifice d’Isaac. Cependant, Jérusalem entre véritablement dans l’histoire avec la conquête de David et le transfert de l’arche de l’Eternel dans l’ancienne cité cananéenne. La promesse d’une dynastie éternelle (II Sam 7), annoncée par Nathan à David en rapport avec l’édification future du Temple de Jérusalem, implique aussi l’éternité de la cité de David comme cité royale et aussi celle du Temple. Comme l’observe Y. Kaufmann, la royauté d’élection, la cité d’élection et la Maison d’élection sont devenues une force symbolique permanente dans la foi d’Israël et dans son histoire. La conception biblique de l’éternité de Jérusalem, liée à celle de la dynastie de David, demeurera fondamentale dans toute la littérature juive. Elle a une résonance messianique. Dans la «prière de Salomon» (I Rois 8,13) est exprimée l’idée que le Temple est «la résidence éternelle» du Seigneur. Cette demeure confère sa sainteté particulière à la ville de même qu’à la dynastie davidique.