En 1932-1933, Maurice Goguel (Vie de Jésus) et Alfred Loisy (La naissance du christianisme), sans oublier Charles Guignebert (Jésus) produisent de volumineuses synthèses sur la question brûlante des origines du christianisme d’un point de vue historique. Les recensions que chaque auteur rédige sur les ouvrages de ses deux collègues permettent d’apprécier les points de convergence et de divergence qu’ils discernent entre eux. Sous couvert de solennelles déclarations historiennes, chaque auteur n’en trahit pas moins des options théologiques, voire confessionnelles. D’une part Goguel semble surprendre Loisy en s’avérant plus proche de lui que ne l’est Guignebert sur l’idée d’une continuité entre Jésus et l’Eglise, ce qui avait été pourtant le principal point de divergence entre Harnack (L’essence du christianisme) et Loisy (L’Évangile et l’Église) au début du siècle. D’autre part, toute la distance qui sépare protestants et catholiques modernistes apparaît au grand jour dans l’interprétation profondément divergente que Loisy et Goguel développent du récit de la Passion et des épîtres pauliniennes.